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Récemment...
Lectures croisées #3
Une commission Vie du lieu
La soirée d'Aldo
Journal
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15/03/2023 · Anne-Marie
Lectures croisées #3
La trace fragile de la vie
Voici deux livres dont le sujet pourrait rebuter puisqu’il s’agit de la question de la mort. Abordée sous l’angle de la transmission de la vie, deux autrices apportent leur regard de façon différente. L’intensité de ces livres peut toucher les vivants que nous sommes.
En faisant le choix d’endosser la fonction de rabbin, Delphine Horvilleur accompagne fréquemment des endeuillés et se trouve confrontée aux mystères de la mort. Son livre, paru en 2021 chez Grasset, donne écho à onze histoires de vie, recueillies à des moments « hors temps ». Conté avec pudeur, beaucoup d’humour, dénué de toute tristesse, ce livre s’inscrit dans le vivant et fait gagner la vie quand la mort se pointe.
Dans ce « petit traité de consolation », autre nom du livre ; Horvilleur fait de la transmission la question clé que chacun de nous se pose :
Chaque génération parce qu’elle vient après une autre, grandi sur le terreau qui lui permet de faire pousser ce que ceux qui sont partis n’ont pas eu le temps de voir fleurir.
Ainsi, conte, exégèse, confession, sont liés pour tenir un discours de vie et nous faire ressentir combien dans la vie les absents ont été en vie.
Nous sommes tous concernés par la perte d’un être cher, mais certains de ses morts, insistent, interpellent leurs proches jusqu’à leur « faire faire » quelque chose, d’où le titre Les morts à l’œuvre. Dans ce livre, paru en 2023 aux éditions Les empêcheurs de tourner en rond, il n’est pas question de deuil, mais d’histoires de vie. Vinciane Despret, philosophe, a recueilli cinq histoires et analysé la construction des réponses à ces vies qui résistent.
Si les œuvres réalisées sont de factures multiples, elles ont toutes un point commun : l’esthétique. Pour parvenir à la création d’une œuvre conceptuelle, le collectif constitué est accompagné de « Nouveaux commanditaires » dont la solidarité s’organise autour de cet appel à la création.
Conçu par l’artiste François Hers, sa mise en œuvre a été réalisée par la Fondation de France en 1991. Faire œuvre revient non plus aux artistes, ni même au pouvoir, mais à la société :
Quiconque le souhaite peut assumer la responsabilité d’une commande d’œuvre d’art et participer à l’émergence d’un art, de la démocratie.
La mise en action de cette œuvre d’art devient un exercice politique, puisqu’il s’articule autour d’un protocole qui, non seulement défini les rôles, mais aussi le partage des responsabilités, et crée une forme de dialogue pour aboutir à autant d’œuvres de création qu’une société en exprime la nécessité.
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15/02/2023 · Marie
Une commission Vie du lieu
un texte Anne-Marie Production
lundi 6 février 10h
aujourd’hui,
il y aura plusieurs paul
il y aura plusieurs pôles
il y aura plusieurs paul
il y aura plusieurs pôlescommission vie du lieu
tristan est venu nous expliquer comment fonctionne le son
si les champs se rencontrent ça fait larsen
les gros jacks nuisent
les gros jacks nuisent à la qualité des microsles poètes viennent avec leur boîte à rythme
maintenant, les poètes viennent avec leur boîte à rythmenous cherchons la façon la plus simple d’amener le son au babazula
anaël suggère qu’on envoie le matériel son
par voir de catapule de la maipo au babazula
au-dessus des prairies
un château gonflable pour le réceptionnerle point son se termine là
on aborde la point bibliothèque
il y a le problème du volet
le volet est bloqué dans le bibliothèque
la ville envoie un employé qui regarde
et dit qu’il ne peut rien
le département envoie un employé qui enlève le faux plafond
et dit qu’il ne peut rien de plus
ces deux actes se passent entre mi-octobre et février
aujourd’hui le faux plafond est posé par terre
le volet est toujours ferméfin du point volet
*
il y a la question des souris
il y a des souries dans la plafond
je les ai entenduesc’est pas des souris, c’est le vent
il n’y a jamais eu de souris, c’est toujours le vent*
vient la question du manque de place dans la bibliothèque
il n’y a plus de place dans la bibliothèque
il faut rajouter des étagèreson peut mettre plusieurs billy à la suite
un jour, une billy est tombée sur une personneil faut une grosse perceuse à briques
une grosse perceuse à percussiontué par billy
les sers joins c’est la vie
interruption de la commission vie du lieu
charlotte dit « t’as oublié ta brioche stéphanie »
quelle est cette brioche ?
c’est la brioche mystique
stéphane en sort plein de son sac
c’est des cds
ils sont beaux
on se les passe
on les regarde
on s’extasiec’est doré
et plein de couleurs
et il y a stéphanie en photo avec tristan et une poule comme des dieux dans un canapéoù pourrait jouer la brioche mystique ?
on propose un show case sur la terrasse d’anne-marie
voilà !
et il y a aussi le rouge-gorge, le bébé abandonné, la création d’anne-marie production, la brioche non mystique rapportée par anaël, l’hélicoptère et le drone qui nous espionnent, etc.
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27/01/2023 · Quentin
La soirée d'Aldo
Le dernier vendredi de janvier, il y avait la soirée d’Aldo.
Aldo avait travaillé toute la semaine avec un groupe d’étudiant.es de théâtre du Conservatoire. Ensemble iels avaient écrit des textes et les avaient appris. Iels ont écrit beaucoup de textes donc Aldo était bien crevé d’être non stop au Conservatoire à faire des ateliers. Mais il était heureux aussi.
Dès le départ Aldo avait dit qu’il voulait que pendant la soirée les tables soient dans la même disposition que pendant la semaine de travail. Comme si les gens du public les surprenaient en pleine séance.
Donc quand on entre dans la salle c’est ce qu’on voit : une immense table de travail avec des gens autour. Il y a un plafonnier avec une lumière très blanche qui éclaire tout ce qu’il y a sur la table : des feuilles, des tasses, des trucs.
La lecture est vraiment cool et drôle, les textes se répondent, des fois y a du brouhaha et on entend des trucs bizarres comme par exemple le super pouvoir d’avoir des intestins fluo. Il y a aussi l’histoire d’une chambre qui pue la sueur, et une enquête commune pour comprendre d’où vient cette sueur.
Aldo dit un texte hyper drôle sur son père qui ramène les patates autour de lui comme un poulet braisé.
Le gros bémol c’est Anaël et d’autres gens qui ont pas pu entrer dans la salle parce que le Conservatoire a dit qu’ils étaient en retard. C’était pas très sympa, mais ça va Anaël est quand même toujours dans l’asso.
Le lendemain de la soirée Aldo est rentré chez lui.
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13/12/2022 · Lucie
Les petites nouveautés du site
En décembre, le site a changé sa palette pour arborer des couleurs plus hivernales.
Quant au contenu, une nouvelle page a été ajoutée pour parler de toutes les éditions conçues au sein de notre atelier. Nous y avons ajouté quelques photos pour avoir un aperçu de ces ouvrages mais il est bien sûr possible de les voir de plus près, de les toucher, voire même de les lire (!) à la Maison de la Poésie. Certains d’entre eux sont d’ailleurs des exclusivités de notre bibliothèque et ne sont trouvables nulle part ailleurs, même pas sur Amazon.
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16/11/2022 · Anne-Marie
Lectures croisées #2
En chacun de nous il y a quelqu’un.
Voici deux livres écrits à 30 ans d’intervalle par deux femmes engagées qui relatent l’une comme l’autre avec fortes convictions de la non prise en compte de ceux qu’on met à l’index.
Récitatif de Toni Morrison est publié aux éditions Bourgois en 1983, réédité aux mêmes éditions en 2022 avec une postface de Zadie Smith.
Ce livre retrace la courte période de deux fillettes de huit ans qui ont vécu ensemble en orphelinat. Ces deux enfants, qui partagent leur chambre pendant quatre mois, vont à l’âge de la maturité remonter le temps, évoquer leur scolarité difficile, leur apprentissage des codes sociaux.
Sidérer, considérer de Marielle Macé est publié aux Éditions Verdier en 2017 dans la collection La petite jaune. Elle nous offre dans un livre de réflexions, d’études de terrain, un regard de chercheur sur le monde des migrants d’aujourd’hui en France.
Récitatif
Dans un duo bicolore noire et blanche Twyla et Roberta vivent sans se douter que l’Histoire des conflits sociaux de l’Amérique des années 50/70 s’écrit sous leurs yeux.
Toni Morrison ne nous donne volontairement aucun indice sur la couleur de leur peau. Laquelle est la plus claire ? Le sujet du livre n’est pas là, il est introduit par Maggie, employée de cuisine de la collectivité : « Elle était vieille, couleur sable, je me souviens de ses jambes comme des parenthèses ».
Par sa différence, Maggie devient le bouc émissaire, celle qui n’est personne, que l’on peut faire souffrir, celle qui ne pouvait parler car muette. Maggie va interroger les deux jeunes femmes devenues adultes, mettre en doute leurs comportements d’enfants à un moment où celles-ci « deviennent quelqu’un ». Elles se poseront la question dans un réexamen : Qu’est ce qui a bien pu arriver à Maggie ?
Toni Morrison nous invite par extrapolation à regarder la manière dont nous traitons ceux qui sont impuissants et pour lesquels nous nous sentons aussi impuissants. Au-delà de la différence et de ces codifications, sans les gommer, Morrison introduit des principes philosophiques neufs en ôtant la dichotomie de la race. Elle démontre dans cette fiction que d’autres catégories qui nous façonnent produisent des expériences communes. L’auteur tisse un chemin de retour vers l’humain et insiste sur le fait que nous sommes tous quelqu’un, même si les structures de construction nous ont catégorisé comme n’étant personne. En 1993, Toni Morrison reçoit le prix Nobel de littérature.
Sidérer, considérer
Marielle Macé nous interroge sur nos fondements démocratiques mettant en opposition la sidération et la considération. Si la sidération enclot, elle nous laisse sur le bord du campement, de l’encampement, nous méduse nous hypnotise et nous empêche d’aller vers ; la considération à l’inverse porte soin, attention, écoute, observation à l’égard de ceux en marge de l’État nation: elle déclôt ce que la sidération a enfermé.
Marielle Macé dans ce livre percutant et dense, perçoit le poète comme le clairvoyant, celui dont la vive perception lui fait sentir le faux et l’injustice, là où la vie dépourvue de droit est disqualifiée« des vies pas tout à fait vivantes. Étayé par de nombreux auteurs, dont la colère transpire, face a l’absence de droits« La colère est cette notion qui révèle les valeurs et les biens qui nous divisent : «dis-moi ce qui cause ta fureur, je te dirai en quoi tu crois… pour préserver ton amour de la vie ».
Mais L’auteur va plus loin en prenant la considération jusque dans sa dimension politique qui appelle avant tout aux droits et ce précisément en France : « Accueillir n’est pas faire œuvre de charité, mais de justice, il s’agit de réparer le tort subi par ceux que l’histoire expulse » Ce livre prend toute sa résonance à l’heure où « L’océan Viking » est accueilli en France après trois semaines de tergiversations internationales.
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16/11/2022 · Quentin
Nouveaux podcasts
La section Podcasts du site commence à être alimentée de façon régulière. Vous pouvez y retrouver des formats originaux comme Poésie Lo-fi, des enregistrements de lectures et de rencontres.
Pour tout écouter en dehors du site, vous pouvez vous abonner aux flux Apple Podcasts, Audible, Google Podcasts ou Podbean. Le flux pour Spotify sera bientôt disponible.
Parmi les derniers podcasts à l’écoute :
- L’épisode #1 de Poésie Lo-fi parle d’un poème de Milène Tournier paru dans son livre Je t’aime comme (Lurlure, 2021).
- Echo, la lecture de Pauline Allié faite au Frac Bretagne à l’issue de sa résidence Avec la langue #2.
Bonne écoute !
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15/11/2022 · Lucie
Ateliers d'écriture - Luc Bénazet
Les ateliers scolaires de notre résident d’automne Luc Bénazet ont commencé.
Luc a rencontré les sixième du collège Simone Veil à Crevin pour le première fois jeudi 10 novembre. Nous nous sommes installés dans la belle lumière d’automne du CDI du collège. Nous avons d’abord été étonnés par le succès des emprunts pendant la récréation. Puis l’atelier a commencé et Luc s’est présenté. Les élèves étaient très intéressés par son métier d’écrivain et lui ont posé beaucoup de questions sur la fabrication d’un recueil de poésie. Ils étaient étonnés qu’il n’y ait pas d’images dans ceux de Luc.
Puis Luc leur a fait lire la “Petite chanson des mutilés” de Benjamin Péret. Ca parle d’un type qui a perdu sa jambe à la guerre et que les rats ont mangée. Il dit que lui aussi a mangé beaucoup de rats mais que ce n’est pas pour ça que les rats lui ont rendu sa jambe. Par contre, après tout ça, après la guerre, il a reçu une belle médaille et une jambe de bois. Merci.
Alors les élèves se sont rendus compte qu’on pouvait parler de choses terribles sur un ton léger et même en faire des petites chansons qui restent dans la tête et que sous cette forme-là, ça fait dire de nouvelles choses aux horreurs. C’est bien sûr la mission que leur a confiée Luc, et les élèves se sont mis à écrire.
La sonnerie a mis fin à l’atelier avant que tout le monde n’ait fini, mais nous écouterons les lectures des petites chansons de chacun et chacune à la séance prochaine. To be continued…
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26/09/2022 · Anne-Marie
Lectures croisées
Du métal à la rouille
Voici deux auteurs qui ont recours aux vestiges de la société. L’un d’origine agraire, l’autre d’origine minérale. Métal et rouille se retrouvent au cœur de ces deux livres. Le lecteur trouvera dans La casse (Fata Morgana, 1994) la réponse à la mélancolie qui habite depuis si longtemps Pierre Bergounioux. En ouvrant une fenêtre sur ces hommes et femmes relégués à la périphérie il nous donne avec pudeur son cheminement pour accéder à la casse et aux transformations des objets métalliques qu’il sculpte en Corrèze. Françoise Demorgny, dans Rouilles (Isabelle Sauvage, 2015) expose des questions fondamentales et nous fait découvrir avec humour et sans emphase une galerie de personnages de son territoire.
La casse, livre de filiation, est la quête d’une amélioration des relations entre un père orphelin de guerre et un fils qui se voit refuser le droit d’exister pour ce qu’il est. L’auteur Pierre Bergounioux, qui porte noirceur et atrabile, fait résonner la voix intérieure pour se faire entendre. Seul le monde végétal lui renverra pendant 17 ans l’écho d’une égalité à laquelle il aspire. Après avoir longtemps espéré entrer en paix avec son père, il comprendra 17 ans plus tard « qu’on ne peut faire que l’on ne se souvienne ». Par deux fois il trouvera un autre exutoire : ses empoignades avec les choses métalliques. En leur donnant une seconde vie il trouvera à ces violences tardives une étrange douceur.
Le récit sensoriel Rouilles met en scène des personnages dont l’humanité résonne. Les vies qualifiées de « minuscules », déroulent dans les Ardennes le fil du temps et avec lui la trace laissée sur la ferraille orangée du pays du fer, de la fonte et de la forge. Ce premier livre de l’auteure nous fait voyager près de la frontière entre forêt et ruisseaux. De la petite louise (sans majuscule) qui évolue, aimante les objets rouillés, à la louise du troisième cheval qui contient toutes les louises depuis son enfance. Rouilles donne au lecteur l’histoire de petites choses mais aussi le sel de la vie, la trace qu’aucune peau ne protège.
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13/09/2022 · Quentin
Nouvelles parutions
Deux nouveaux livres de poésie ont paru récemment, tous les deux en lien avec la résidence de Samuel Rochery (2020) :
- Mauviette, de Samuel Rochery, aux éditions Ni fait ni à faire. C’est le livre sur lequel il a travaillé pendant sa résidence.
- Mettre la gomme, de Guillaume Dorvillé et suf marenda, aux éditions Vanloo. C’est le livre commandé aux deux auteurs à cause de l’annulation de leur soirée pour la carte blanche de résidence de Samuel Rochery. Deux articles en parlent, le premier sur Un dernier livre avant la fin du monde, et le second sur le blog de la librairie Charybde.
Les livres sont disponibles à l’emprunt dans notre bibliothèque, et à la vente dans toutes les librairies.
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11/07/2022 · Lucie
Suite aux rencontres avec Stéphane Bouquet
Après le passage de Stéphane Bouquet au collège Bourgchevreuil, un article a paru sur leur site qui parle de la rencontre.
Un recueil qui ressemble les travaux des élèves du collège Morvan Lebesque est disponible à la consultation à la Maison de la Poésie.
Stéphane Bouquet a également rencontré les élèves de 1ère générale des lycées de L’Elorn et de L’Iroise. Les travaux des élèves sont consultables ici et là.
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5/07/2022 · Quentin
Un faucon
Il y a quelques jours, on a découvert la dépouille d’un lapin coupé en deux au pied du cèdre. On s’est demandé qui l’avait chassé. On a déjà vu des buses voler au-dessus du cimetière, mais aucune au-dessus du jardin.
Du temps a passé et on est passé à autre chose.
Et puis hier, pendant que Lucie mangeait avec Charlotte, elles ont vu un faucon se poser au sommet du cèdre pour manger une autre proie.
Je suis arrivé 10 minutes trop tard et je l’ai râté.
Un faucon dans le jardin, c’est quand même ouf.